Restaurateurs et traiteurs, une inquiètude à plusieurs inconnues
La crise sanitaire s’accentue, Les autorités de santé ne peuvent pas se prononcer sur la date et le mode de sortie du confinement. Les épreuves d’examens scolaires se feront par contrôle continu. Personne aujourd’hui ne programme de manifestation. Les événementiels sont en berne. Le sport est à l’arrêt, les saisons sont terminées, est-ce d’ailleurs une préoccupation majeure quand on voit la vague pandémique toucher potentiellement tout le monde ? Nous devons penser à notre santé nous protéger et protéger les autres. Nos partenaires souffrent et vont souffrir. A la crise sanitaire va succéder une crise économique dont les effets sont loin d’être encore connus, même si l’ensemble des secteurs n’est pas touché et si des mesures sont prises pour en atténuer les effets … Nous continuons notre tour des partenaires par ceux qui sont directement impactés, fermés depuis le samedi 14 mars à minuit.
L’inconnu nourrit l’inquiétude
Ils ont tous été contraints de fermer le samedi 14 mars à minuit. Après trois semaines d’inactivité totale, les restaurateurs et traiteurs cherchent des solutions pour s’en sortir avec le moins de casse possible. « Il faut avoir de la trésorerie » c’est le discours général dans cette période où personne ne rentre d’argent.
« Depuis début mars, c’est catastrophique. En une semaine, à peu près toutes nos commandes ont été annulées, nous dit Mélanie Planchon (Les Pradines). Nous avions un très bon mois de mars en commande et nous sommes passés à zéro. Surtout, je ne sais pas quand on va pouvoir reprendre. Tous les mariages qui représentent environ 70% de notre chiffre d’affaires, tous les séminaires, c’est une perte sèche ; même si pour certains, très rares, l’annulation peut se transformer en report sur les prochains mois. Mais en septembre, nous sommes déjà complets et on ne pourra pas se démultiplier. »
Même son de cloche pour Nicolas Marcheix (Le Provençal, à Feytiat) qui gère aussi l’Hôtel Comfort Inn. L’hôtel est fermé, les personnels sont en chômage partiel. « Pour nous, l’année est foutue. Même si ça repart en juin, et on n’en sait rien, ce sera probablement fébrile. Lorsque la fermeture a été annoncée, nous avions un repas de gala pour 850 personnes qui a naturellement été annulé. Toute la profession va souffrir ! » nous indique Nicolas qui est aussi le Président du CHAL, le Cercle des Hôteliers de l’Agglomération de Limoges n’est pas très rassuré sur les prochains mois de la profession.
Didier Palard (Le Cheverny) et Marie-Christine sa femme (notre photo), Estelle leur fille, ont beaucoup investi ces dernières années et leur restaurant, bib gourmand Michelin, est devenu une référence à Limoges. Le Vice-Président du Club Partenaires du Limoges ABC se dit néanmoins plutôt confiant pour passer cette période difficile : « Mes onze salariés et apprentis sont tous au chômage. On croise les doigts. Je pense passer le cap grâce à une bonne trésorerie mais ça va être très dur pour les petites entreprises qui n’ont pas de fonds de roulement ou pour ceux qui ont créé leur établissement ces derniers mois. Il va y avoir de la casse … C’est sûr, on ne prendra pas de vacances cet été … ! ». La belle terrasse du Cheverny n’attend que les clients.
A deux pas de la Cathédrale, Guy Queroix (La Cuisine du Cloitre) est aussi l’une des belles tables limougeaudes. Le chef est confiné comme ses collègues. « Ce qui est le plus dur, c’est que nous n’avons aucune date de reprise, c’est pour moi le plus anxiogène et le plus difficile. Je devrais bénéficier de l’aide forfaitaire de 1500 € pour les petites entreprises, j’ai aujourd’hui de la trésorerie, je vais voir si j’actionne l’emprunt garanti par l’état. » Avec d’autres collègues restaurateurs, sous l’égide de l’association « Chefs en péril », Guy Queroix demande aux assureurs d’indemniser les pertes d’exploitation des restaurateurs … et attend de voir sa terrasse, place de la Cité, avec du monde et sous le soleil ! En attendant, Guy Queroix s’occupe aussi de gérer “la paperasse” …
Du côté de la Place Carnot, Xavier et Sophie Joubard (Le Comptoir Carnot) n’ont pas abdiqué et essaient de proposer des petits plats à emporter, sans prétention, d’abord en proximité. « En attendant de pouvoir rouvrir le restaurant, on tape dans la trésorerie comme tout le monde … On prépare quelques petits plats pour nos voisins, pour un ou deux habitués. Nous avions commandé de la marchandise pour un événementiel et, plutôt que de la perdre, nous avons livré 50 Panna cotta au Commissariat. La semaine prochaine, nous allons proposer des plats du jour à emporter, type navarin d’agneau ou bœuf bourguignon. Il faudra téléphoner au restaurant (05 55 10 13 40, entre 10h30 et 13h30) pour passer commande. Ces petits services qui nous permettent de garder le contact ». A bientôt.
Gérard Chevalier (Le Golf de la Porcelaine, à Panazol) est au repos forcé. Le chef, Toque Blanche comme ses collègues Didier Palard et Guy Queroix, est inquiet pour la reprise. « Je vais m’en sortir, je n’ai pas d’emprunt, j’ai une bonne clientèle. Mais je ne sais pas comment va se passer la reprise. J’entend que ce sera long. J’ai une grosse activité de traiteur dont beaucoup de mariages. Est-ce qu’en juin, juillet, août, période où nous sommes complets tous les week-ends, nous allons pouvoir reprendre notre activité et dans quelles conditions ? Aujourd’hui, on n’a pas le choix, il faut attendre. » En attendant, Gérard Chevalier se repose, confiné.
Unanimes sur les difficultés actuelles et à venir de la profession, nos partenaires restaurateurs et traiteurs le sont aussi sur la question de la santé. « On est tous sur le même bateau mais tant qu’on a la santé, on peut envisager l’avenir » revient comme un refrain, entre fatalisme et attente. Pour reprendre l’activité et piloter le bateau, pour affronter les tempêtes, il faut d’abord être en bonne santé. Equation à plusieurs inconnues. Bon courage à toutes et tous et à très bientôt !