Saïd Ennjimi : Nous n’avons jamais été aussi solidaires, aussi proches de nos clients
Il n’a jamais arrêté et son Cabinet a même redoublé d’efforts, pendant cette pandémie, toujours présente d’ailleurs … Saïd Ennjimi, Gérant de son Cabinet d’expertise comptable à Limoges, est à la manœuvre avec ses collaborateurs (trices), tous impliqués plus que jamais, sur leur lieu de travail ou en télétravail. Interview d’un partenaire du Limoges ABC, très investi aussi dans le sport …
« Nous avons travaillé sans relâche »
Limoges ABC : Comment avez-vous géré la première phase de crise sanitaire ?
Saïd Ennjimi : Dès l’annonce du confinement et de toutes les possibilités offertes aux entreprises (chômage partiel, aides, fonds de solidarité, prêts garantis par l’Etat), nous avons eu énormément de sollicitations et les équipes du Cabinet ont travaillé sans relâche. Et c’est encore le cas !
Limoges ABC : Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ?
Saïd Ennjimi : Dans les premiers jours, tous les problèmes de connexion et d’habilitation sur le site du chômage partiel ! Nous avons utilisé beaucoup de temps, beaucoup d’heures sans valorisation à démêler des tas de problèmes techniques. Ce fut une période pas vraiment confortable et très compliquée. Heureusement, nos clients ont été très compréhensifs. Ensuite, nous avons été très sollicités pour l’élaboration des bulletins de salaires avec beaucoup de paramétrages qui ont changé, beaucoup de tergiversations aussi sur les directives … En même temps se sont greffées les demandes de prêts garantis par l’Etat (PGE). Nous avons été sollicités pour préparer les dossiers aux banquiers. Le plus difficile ce fut pour toutes les entreprises qui n’avaient pas de capitaux propres très solides et qui étaient recalés par les banques. Dans la majorité des cas, nous avons néanmoins réussi à obtenir les soutiens pour éviter des grosses difficultés, notamment en restauration, parfois même sur des concours limités.
« Les actions de l’Etat ont été très positives »
Limoges ABC : Quels enseignements en avez-vous tirés ?
Saïd Ennjimi : D’abord, mon équipe s’est beaucoup investie et les liens avec nos clients sont aujourd’hui plus forts. Ensuite, je suis satisfait de la façon dont nous avons pu soutenir les clients. Les actions de L’Etat ont été très positives. Heureusement et bravo !
Limoges ABC : Quelle est la situation aujourd’hui ?
Saïd Ennjimi : On est en situation très critique avec des professions très impactées pour lesquelles on ne se sait pas comment le redémarrage va s’opérer : l’événementiel, la restauration, l’agriculture, le commerce de détail. Pour les Agences d’événementiels, il n’y a aucune de date de reprise annoncée. Dans la restauration ou les commerces, la question des espacements entre les gens peut amener à ne pas atteindre leur seuil de rentabilité, donc pas impossible d’ouvrir. Le commerce de détail, je pense à l’habillement par exemple, va aussi souffrir des conditions de vente. En agriculture, il y a beaucoup de surproductions du fait notamment de la fermeture des cantines et des restaurants. Autant de pertes à prévoir. Ce sont quatre exemples de secteurs qui ne sont pas encore sortis du tunnel.
Il ne faut pas arrêter brutalement le dispositif du chômage partiel
Limoges ABC : Vous n’êtes donc pas très optimiste ?
Saïd Ennjimi : Je crains, si on ne revient pas progressivement mais assez vite à la normale, que beaucoup de petites entreprises n’y arrivent pas, sachant que les marges perdues ne seront pas retrouvées parfois avant plusieurs années. Mais il n’y a pas que l’Etat qui puisse aider ! Il y a des petits bailleurs qui sont « raides », qui n’acceptent aucun compromis, aucun report de loyer. Certes on comprend que les emprunts des SCI continuent à courir. Mais quand les charges fixes d’une entreprise ne peuvent pas être absorbées, et que son loyer n’est pas reporté, ça commence à devenir compliqué pour elle. Si le dispositif du chômage partiel est arrêté brutalement, je crois que nous allons avoir un nombre incalculable de chômeurs en quelques mois.
Limoges ABC : Et demain ? Croyez-vous au « monde d’après » ?
Saïd Ennjimi : Le monde d’après, nous saurons nous y adapter, je souhaite rester positif. Mais pour nous, Cabinet comptable, il y aura un avant et un après crise sanitaire. Au rayon du positif, je constate que nous n’avons jamais été aussi solidaires et aussi proches des clients, avec de très longues communications téléphoniques. C’est une dimension sociale très importante. Notre satisfaction au Cabinet est d’avoir aidé 100% de nos clients et d’avoir trouvé des solutions pour 95% d’entre eux. Le monde d’après pour nous ce sera d’être encore à la manœuvre, en pensant aux salariés de ces entreprises dont la situation n’est pas ou ne sera pas forcément évidente ! Quoi qu’il en soit nous sommes totalement mobilisés et nous le resterons !