Limoges ABC en Limousin

Le 11 mai et après ? Inquiétudes et incertitudes vs Imagination et motivation

La crise sanitaire, toujours et encore. Notre économie est en berne et nos partenaires souffrent. Des commerces fermés, des entreprises sans production, des services sans personnel, les chefs d’entreprises sont très inquiets. Imaginer une sortie de crise, oui mais quand, le 11 mai ? Non, les inconnues sont encore énormes et les contraintes, de sécurité des personnes et de productivité, trop prégnantes. Et pourtant nos partenaires, de secteurs tous différents, tous directement impactés, veulent tellement y croire. Ils sont au rendez-vous de l’imagination pour changer le rapport au travail, adapter le mode de production et de commercialisation, protéger les autres et se protéger … Nous continuons notre série de témoignages, à deux petites semaines d’un déconfinement sous contrôle et pas pour tout le monde …

Les métiers de la communication ou l’effet domino

Au bout de la chaine, il y a la communication. Quand l’économie tangue, la communication vacille. Les métiers de la communication vont devoir faire preuve d’imagination, et de proximité avec leurs clients, pour une sortie de crise qui n’a pas encore finie de faire des vagues, un effet domino redouté.

Laëtitia Chaumont, Imagin et Com, Enseignes et signalétique, Décoration de véhicules. Après plus de cinq semaines en chômage technique et un moral en berne, l’équipe reprend doucement ses activités … nous sommes passés à la phase relance en alternant les journées. Nous préparons principalement des commandes, enchaînons une journée d’impression suivie d’une journée de pose avec une seule personne à l’atelier. Mais nous avons perdu tous les salons et les événementiels qui se tenaient à cette période. Pour n’en citer que deux, le Salon de l’Habitat en mars, Les Foulées du Populaire début avril. D’autres qui devaient se tenir dans les prochaines semaines sont annulés, et l’été qui se profile reste flou côté événementiel. Ce qui m’inquiète surtout c’est la santé des petites entreprises, de la restauration, du tourisme. On craint l’effet domino à partir de nos clients et on espère que le moins d’entreprises possible seront touchées. La société se réorganise aussi pour répondre à la demande en termes de protection et signalisation face au virus, enjeu vital aujourd’hui.

Philippe Mazière, PDG du Groupe CELIOS. Le Groupe Celios est composé de cinq sociétés. Celle qui souffre le plus c’est l’agence marketing. Avant cette crise sanitaire, tous les clignotants du groupe étaient au vert. Donc, on s’en sortira en gérant les tableaux de bord, les plannings, le télé travail et surtout la trésorerie. Nous avons des clients de grands groupes et plusieurs collaborateurs travaillent au CHU sur du redéploiement de matériels et de solutions de télétravail. Nous ne sommes pas fondamentalement inquiets mais nous serons contraints de revoir notre organisation, de n’accueillir par exemple que la moitié des collaborateurs sur site, d’adapter nos Open Space au respect des procédures. Il nous est évident que ce que nous mettons en place en termes d’organisation et de fonctionnement doit être pérenne, les formes de travail vont changer.

Jean-Marc et Nathalie Tranchant, Compagnie COLIM (STEMP et RACINES). Nos clients sont des restaurateurs, des commerçants, des institutions qui sont bien évidemment touchés de plein fouet par la crise. Nos deux magazines gratuits, Stemp Magazine et Racines en Limousin, sont financés uniquement par les publicités. Nous nous adaptons à la situation. Le n° 8 de Racines est disponible en ligne depuis le 20 mars et le prochain Stemp sera édité en numérique le 19 mai. Ils seront imprimés et distribués dès que possible. Pour accompagner le redémarrage de l’activité de nos annonceurs, nous leur ferons bénéficier de conditions tarifaires très attractives, ainsi que de conditions de paiement spéciales, avec une offre spécifique aux restaurateurs, bars et traiteurs, pour qui le redémarrage va être encore plus compliqué. Et puis nous avons choisi de répondre par l’innovation. Dans les prochains magazines, nous allons insérer des technologies nouvelles et inédites en Limousin. Nous sommes en train de les peaufiner. Surprise à venir pour apporter encore plus de visibilité à nos annonceurs. Le redémarrage de l’activité se doit d’être solidaire.

Chopi Chéa, Co-Gérant de Atelier Frugier, Imprimerie, à Panazol. Tous les métiers de la communication et de l’événementiel sont en souffrance et nous ne savons pas pour combien de temps encore. L’imprimerie est donc très fortement impactée. Depuis la mi-mars, nous n’avons quasiment rien fait. Quelques carnets, des étiquettes, une brochure, des bricoles. Nous sommes à l’arrêt mais restons à disposition de tous les clients et nous efforçons de les satisfaire pour que leurs activités puissent continuer ; ou nous préparons ensemble l’après confinement car aujourd’hui c’est vers cela que l’on doit se tourner pour pouvoir encore exister demain. Ce sont des périodes où d’habitude nos carnets de commande sont bien remplis. Nous allons retrouver le chemin du travail et nous espérons que l’activité va suivre.

Olivier Aragon, Responsable de Free Press, Imprimerie et tous travaux graphiques. Tout est impacté, ça va faire mal. Mes clients sont des associations, des petits commerces, des restaurants, des salons, autant de secteurs qui vont sortir de la crise avec de grosses difficultés. Et puis les festivals aussi sont annulés les uns après les autres. La communication et l’imprimerie vont passer au second plan car il va falloir redémarrer la production. Je suis inquiet pour l’avenir mais on a repris néanmoins à tour de rôle avec trois heures par jour pour gérer les travaux en cours. Après le rachat d’une imprimerie en décembre et mon installation rue de Turenne, tous les clignotants étaient au vert, il va falloir se remobiliser. Peut-être la fin d’année sera-t-elle rassurante.

Artisans, Commerçants, Hôteliers, Buralistes ou Professions libérales …
Souffrances mais motivations à relever les défis d’une incertaine reprise

Dominique Desplanches, Gérant de la SARL Desplanches, rénovation, électricité, plomberie, dépannage. Nous avons totalement arrêté nos activités depuis mi-mars soit sept semaines. C’est difficile, comme pour tous mes collègues. Pour amortir la chute de chiffre d’affaires, j’ai sollicité un emprunt de trésorerie dans le cadre des dispositifs de garantie. Mais il y a du travail, les carnets de commande sont pleins. Nous nous préparons à une reprise dès la semaine prochaine, le lundi 4 mai. Indépendamment de nos clients de proximité, nous allons reprendre des chantiers en cours à l’Ile de Ré ou en région parisienne, avec des masques bien sûr et des équipements pour tous les salariés. Tant que nous n’aurons pas de vaccin, je ne vois pas bien l’ensemble de l’activité reprendre comme avant.

Laurent Billat, Architecte, Gérant de OX Architectures, à Couzeix. Nous avons travaillé pendant toute cette période, en télé travail pour geler les activités sur les chantiers, afin de privilégier les directives gouvernementales de confinement et de limitation de la propagation du COVID19. Par la suite, à la demande de plus en plus pressante de reprise, raisonnée et sécurisée, de l’activité avec les moyens sanitaires idoines, nous avons œuvré avec les entreprises, les maitres de l’ouvrage et les différents intervenants, à encadrer cette reprise graduée. Les chantiers en cours dans le scolaire que ce soit à l’Ecole de Pierre-Buffière ou à Suzanne-Valadon redémarrent dans cet ordre d’idée, avec aménagement des zones de travail, limitation de la coactivité et encadrement du respect des gestes barrières. L’activité de « chantier » monte en puissance avec l’acquisition de cette façon de faire, chronophage mais impérative, pour préserver la santé des hommes et des femmes œuvrant sur site. Cependant notre profession a des temps de réaction avec une forte inertie où les freins se font sentir avec des semaines, voire des mois de décalage ; aussi sommes-nous très inquiets pour le dernier tiers de l’année.

Laurent Mazé, Gérant de « Wellness Arena », Salle de Sport, Aquabike et Fitness. Pour l’instant, c’est le flou total sur nos activités. Nous ne savons pas quand nous pourrons reprendre et surtout dans quelles conditions, et ce serait absolument nécessaire pour pérenniser la structure. Je suis plutôt confiant jusqu’à juin entre la solidarité des clients et le chômage partiel qui permet d’amortir l’inactivité et payer l’ensemble des charges. Afin de rester en contact avec la clientèle, nous avons mis en place des tutos de sport à faire spécialement à la maison et nous avons développé les cours ou animations via le Facebook Live en proposant un cours de yoga pour adulte et enfant et je vais solliciter Ophélie pour préparer des interventions une à deux fois par semaine. Ce qui m’inquiète c’est que nous étions dans une phase de renouveau suite à la reprise du club, le renouvellement du parc de musculation a été validé avant le confinement et les travaux programmés sont bien sûr stoppés.

Patricia Ribeiro, co-Gérante « Le Garage », Bar, Tabac, Loto, à Beaune-les-Mines. Le tabac est ouvert, le bar est fermé et notre personnel est en activité partielle. Nous en avons profité pour faire du bricolage, faire de la peinture, refaire le bar. Notre clientèle a évolué. Nous avons perdu beaucoup de clients, notamment notre clientèle traditionnelle d’artisans qui travaillent sur les chantiers autour de la nouvelle zone nord derrière Beaubreuil. En revanche nous avons de nouveaux clients, de proximité, qui n’avaient pas l’habitude de venir. Le bon côté de ces dernières semaines c’est que les clients sont plus ouverts, ils parlent facilement, ils sont attentifs, ils respectent d’eux-mêmes les distances. Nous devions être en vacances cette semaine mais nous avons décidé de les annuler ainsi que celles d’été … Nous saurons au fur et à mesure comment se gère la sortie de crise …

Anne-Marie Spitz, Directrice de l’Hôtel IBIS Centre. Nous sommes fermés à la clientèle depuis le vendredi 20 mars et nous n’avons pas de date de réouverture. C’est démotivant de ne pas savoir où l’on va. Il faut retrouver de l’énergie. Nous sortions de plusieurs mois de travaux dans l’hôtel et nous ne connaissons pas aujourd’hui les contraintes qu’on va nous imposer pour ouvrir. Nous sommes par contre certains qu’il va y avoir une importante organisation interne à prévoir … Aujourd’hui, le personnel est au chômage partiel, il y a des rondes quotidiennes pour la sécurité et gérer les dossiers, on maintient le fonctionnement de base, l’hygiène de l’eau par exemple … Cela nous permettra d’être opérationnels rapidement pour la réouverture et d’accueillir nos clients au mieux ! Tout est prêt … Ya plus qu’à …

Christian Lebois, PDG Ego Déco, Décoration sur porcelaine. Mes deux employés sont en chômage partiel. J’avais un peu de stock donc j’ai pu livrer quelques commandes et je viens de décrocher un marché de 100 pièces aux Etats-Unis. Les échantillons viennent d’être validés et j’ai ce qu’il faut pour honorer la demande. Mais on n’entend pas beaucoup parler des clients en ce moment et le 11 mai n’est pas la fin des problèmes. On va reprendre petit à petit, en alternance au début probablement. Je suis d’un tempérament optimiste. J’espère que ça va redémarrer assez vite, même si notre activité est principalement tournée vers l’évènementiel qui risque être en décalage.

Bon courage à toutes et tous, merci pour ces témoignages

27 avril 2020